La puissance de l’Amour et de l’Amitié lors d’un combat contre le cancer.

Vendredi 13 juillet 2001, 09h00, Hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris…

J’attends dans une chambre double les résultats d’une biopsie du col utérin. Le chirurgien entre, il se dirige vers ma voisine. D’une oreille distraite, il me semble entendre qu’elle peut rentrer chez elle sans inquiétude.

Puis, il s’approche de moi : « les nouvelles ne sont pas bonnes. ». Endolorie par l’intervention, je me redresse doucement sur mon lit d’hôpital. Ce n’est pas l’heure des visites. Pierre, mon mari, travaille. Je suis seule. Mes examens précédents ont décelé des cellules cancéreuses. C’est peut-être grave, en même temps je n’ai pas vraiment anticipé la suite.

Le chirurgien s’adosse contre une armoire métallique à côté de mon lit. Je perçois sa concentration et sa tristesse. J’entends : « …Stade avancé…. Tumeur de sept centimètres…intervention chirurgicale impossible en l’état chimiothérapie…radiothérapie…vous allez devoir vous occuper de vous pendant un long moment… ».

Choc. Tout se fige. Je respire mal. Je n’arrive pas à pleurer. Le téléphone sonne, c’est ma mère. Je pleure. Mon mari arrive. Je pleure toujours.

Vendredi 13 juillet en milieu de matinée : un long combat a commencé.

IRM, scanner, batterie d’examens. Pose d’une chambre implantable sous cutanée. Chimiothérapie, radiothérapie, curiethérapie, hystérectomie totale. Complications persistantes avec dix opérations sous anesthésie générale en cinq mois.

Décembre 2001, trente-neuf ans, quarante-quatre kilos, j’entre en maison de convalescence. Epuisée, en rémission mais en Vie.

Mardi 2 février 2016, 12h15, rendez-vous de contrôle annuel à la Pitié :

Dr Jean-Marc Simon : « Vos analyses sont maintenant parfaites, tout va bien ; vous n’avez plus besoin de revenir l’année prochaine, vous êtes guérie ».

L’amour et l’amitié sont les énergies qui m’ont le plus portée durant la maladie. L’amour que je me suis accordé chaque jour en parlant à mon corps et à mes cellules, en leur demandant d’être avec moi pour supporter les protocoles de soins. L’amour de ma famille, l’amitié de mes amis, de mes connaissances, des personnes bienveillantes, m’ont soutenue et élevée durant cette épreuve. Et l’amour indéfectible de mon mari que je résumerai avec cette anecdote.

A l’approche de mon trente-neuvième anniversaire, je souffrais au point de demander à Pierre d’écrire mes dernières volontés. Exsangue, je m’étais résolue à lâcher prise et à partir.

Abasourdi, il mordilla son crayon, (TOC immémorial), refusa d’écrire et murmura : « Tu dois continuer à te battre… tu vas t’en sortir… nous allons nous en sortir ».

En sortant de l’hôpital, il a appelé, il a fait appeler nos amis, nos proches et moins proches, nos connaissances, l’équipe médicale, les infirmières, les médecins, les aides-soignants en leur demandant de m’écrire une carte d’anniversaire pour me dire et m’écrire leur amour, leur soutien, leurs prières, leur volonté de me revoir en vie et guérie !

Le vingt-sept septembre, Pierre est arrivé dans ma chambre avec beaucoup de cadeaux…et un sac rempli d’une centaine de cartes d’anniversaire, émouvantes, réconfortantes, emplies d’amour et de force ! J’étais en larmes de joie ! Savoir que mon mari, de nature assez pudique, ait pu organiser cette surprise, que mes amis et connaissances (certains avaient écrit 4 ou 5 cartes) aient passé du temps pour penser à moi, m’écrire, me redonner de la force, me demander de me battre ! Ce tourbillon d’amour a décuplé ma volonté pour dépasser mes peurs, mes douleurs et j’ai décidé de rester en vie quelque soient les épreuves à venir !

Le lendemain de mon anniversaire, l’infirmière qui venait prendre mes constantes était abasourdie : « – Mais nous avons dû faire une erreur avec vos soins hier matin, vos analyses ce matin n’ont rien à voir avec hier. Que s’est-il passé entre hier et aujourd’hui ? »

« – Entre hier et aujourd’hui Madame, j’ai eu une livraison d’une centaine de cartes d’amour et d’amitié qui m’ont donné une force colossale pour continuer à me battre ! »

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